EXEMPLES DE LA MEDISANCE
•La médisance peut concerner le corps d'une personne: Le médisant dit par exemple: Cet homme est aveugle/louche, borgne, géant, méprisable, noir ou chauve. Le sujet de la médisance ici peut s'étendre à toutes les qualités physiques que l'homme n'aime qu'on lui attribut.
•La médisance peut concerner la souche ou le lignage familial: Le médisant dit par exemple: Cet homme appartient à cette tribu avec l'intention de diminuer de sa valeur ou bien que cet homme est un Ajami (non arabe, spécialement persan), un kurde, un bédouin, un africain ou un indien avec connotation péjorative de mépris. Elle peut aussi concerner l'origine d'une personne... Ou son métier en disant par exemple: Cet homme est un planton ou un coiffeur ou tout autre métier que le dénigré déteste.
•La médisance peut concerner aussi la moralité d'une personne en disant, par exemple, cet homme a un mauvais caractère, avare, orgueilleux, impulsif, coléreux etc..
•La médisance peut concerner les questions religieuses et légales en disant, par exemple, cet homme est un voleur, un menteur, un buveur d'alcool ou que cet homme néglige la prière et la Zakât, ne fait pas correctement les génuflexions et les prosternations, ou il est ingrat envers ses parents. Ces choses-là, doivent se faire publiquement afin de dévoiler l'inconduite et l'impiété de la personne concernée. Dans ce dernier cas, on ne peut pas parler de médisance.
•La médisance peut concerner les affaires séculaires en disant, par exemple, qu'un tel homme est grossier, dédaignant, bavard, grand dormeur ou cupide.
Ainsi, nous nous rendons compte que tous ces éléments font partie de la médisance, qu'ils soient véridiques ou faux. Celui qui médit, mange la chair de son frère; c'est un pécheur envers son Seigneur. La médisance n'est pas seulement un acte verbal, elle peut se manifester par un mouvement, un signe, une illustration, une représentation, un clin d'œil, un signe de connivence ou tout autre acte insinuant la diminution de la valeur ou le mépris de quelqu'un. Tout cela est interdit, qu'Allah nous en protège.
FORMES DE MEDISANCE CONSIDEREES A TORT NE PAS L'ETRE
•Une personne peut dire des choses sur quelqu'un qui sont détestables pour lui et quand on lui demande de s'abstenir de médire, il affirme qu'il est disposé à répéter ses propos devant la personne concernée. Ce comportement est refusé pour plusieurs raisons, notamment: en évoquant une personne par des propos qu'elle déteste derrière son dos est déjà de la médisance et en affirmant la disposition de redire cela devant elle n'a jamais été sujette d'approbation des oulémas comme étant moyen de faire valoir la médisance.
•Une personne qui dit: De tels gens ont fait cela. Cette forme constitue une médisance surtout quand l'interlocuteur est conscient des insinuations négatives du médisant.
•Quand une personne à laquelle on demande les nouvelles de quelqu'un répond au demandeur: Qu'Allah nous guide, qu'Allah nous pardonne, nous
prions Allah de nous donner la santé et toute autre formule qui fait allusion au manque de la qualité évoquée.
•Quand la personne dit: Celui-là est encore jeune et peut être sujet de discussions derrière son dos. Ces propos sont bizarres et manquent totalement de preuves sur leur validité religieuse.
•Médire du pécheur: Ceci n'est absolument pas permis, car le péché ne justifie pas la médisance, or tous les musulmans peuvent être sujets de médisance étant donné que personne n'est immunisé contre le péché.
•En s'adressant à quelqu'un, une personne dit à son interlocuteur: "respectable monsieur", "digne maître" ou toute autre formule par laquelle il vise la moquerie et le non-respect. Cette personne n'acceptera jamais qu'on s'adresse à elle-même de cette manière. La référence en tout ceci est le Hadith du Prophète (
) qui interdit:
"
d'évoquer ton frère par ce qu'il déteste " (Mouslim : 2589).
LE REMEDE DE LA MEDISANCE
La médisance a deux remèdes: Le premier remède: Le repentir de la médisance. L'homme doit être conscient que s'il tombe dans la médisance, il s'expose à la colère d'Allah et de son mépris. Il doit aussi savoir que ses mérites seront déduits au profit du dénigré le jour du Jugement dernier. Le médisant est donc appelé à se repentir et regretter ces actions avec la détermination de ne plus récidiver. Quand le sujet de la médisance apprend ce qu'il a dit sur son sujet, la réparation d'une telle faute n'est autre que la demande de son pardon. Si le dénigré demeure inconscient des propos dits à son sujet, le médisant doit faire pénitence auprès d'Allah sans en informer le médis pour éviter toute rancœur. Dans les deux cas, il doit revenir sur ce qu'il a dit devant ces interlocuteurs et décider en lui-même de ne plus tomber dans cette erreur.
Le deuxième remède: Le médisant doit chercher les causes qui l'ont poussé à médire des gens et en trouvant la cause en lui-même, il pourra l'éliminer. L'homme raisonnable est celui qui met fin aux causes de la médisance et adopte les remèdes, c'est aussi celui qui se préoccupe par ses propres défauts et tourne le dos à ceux des autres. Il garde sa langue de ne dire que du bien, ce qui lui vaut le bien de la vie et de l'au-delà.
LA MEDISANCE PERMISE
L'imam An-Nawawi
dit: La médisance est permise dans six cas, notamment:
1.Il est permis à la victime de l'injustice de porter sa doléance devant le sultan, le juge ou toute autre autorité et leur faire part de l'injustice dont il a été victime de la part de tel ou tel, il peut aussi rapporter la traîtrise ou la corruption de quelqu'un.
2.Demander l'assistance pour arrêter le mal et mettre fin aux péchés comme dans le cas de quelqu'un qui voit une personne boire de l'alcool, il peut rapporter ce délit à l'autorité en vue de réparer la faute et aider à interdire le blâmable.
3 Demander la fatiwa (consultation jurisprudentielle): Dans ce cas, la personne qui consulte le Mufti peut lui faire part de l'injustice qu'il a eu de son père, son frère ou de toute autre personne. La spécification ici est permise, car le Prophète (
) dit: "
Abou Soufyân est un homme avare" (Al-Boukhari).
4.Mettre en garde les musulmans contre le mal: Quand une personne découvre qu'un homme se rend chez un débauché ou un hérétique et qu'il le met en garde et le conseille de s'éloigner de ce dernier en vain. Ce cas englobe également la préservation de la Sunna du Prophète en mentionnant les Hadiths qui sont de faible référence, erronés ou abandonnés par les exégètes. La consultation est un autre aspect de cette forme de médisance permise; le consultant demande des renseignements sur quelqu'un en vue de lui confier un travail, se lier avec lui par les liens de mariage, devenir son partenaire ou son voisin de résidence. Le consulté doit être honnête et fidèle dans les renseignements qu'il fournit.
5.Dévoiler en public la débauche et l'hérésie de quelqu'un.
6.Surnoms: Ce sont les noms par lesquels des gens sont connus par réputation sans aucune connotation péjorative comme les noms de boiteux ou d'aveugle.
CONSIDERATIONS POUR LA MEDISANCE PERMISE
• L'intention sincère qui ne vise que l'agrément d'Allah.
• Ne pas désigner ou spécifier la personne concernée tant que possible pour éviter les soupçons.
• Ne rapporter que les faits authentiques sur la personne quand cela réalise l'intérêt voulu.
• S'assurer que le but de cette médisance comporte plus de bien que de mal et n'entraîne pas des conséquences négatives pour les musulmans.
PIRE QUE LA MEDISANCEParmi les phénomènes négatifs auxquels les musulmans sont soumis de nos jours le fait d'entendre quelqu'un médire d'un homme qui n'a fait de tort à personne pour la seule raison de faire valoir ou abroger des traditions ou des mœurs, oubliant que ces choses-là sont du ressort d'Allah . Par exemple, celui qui dit d'un homme modeste dans ses habits malgré ses moyens matériels: Regardez cet avare! Regardez cet homme qui se prive de toutes les bonnes choses de la vie! Dans un autre cas, on dit de quelqu'un qu'Allah a pourvu d'une maison ou d'une monture: Regardez cet homme qui ne craint pas Allah et se désintéresse des conditions des musulmans, il habite dans une maison et monte sur son animal et ne pense guère aux musulmans etc.., Il faut d'abord savoir les raisons derrière ce comportement, puis réfléchir et examiner s'il est permis ou interdit de parler de la personne ainsi et peut-être le conseiller avant tout. Connais-tu sa pensée et ses motifs intimes, sais-tu s'il dépense pour la cause d'Allah ou non? Si Allah lui donne de Ses grâces, faut-il rejeter ces grâces ou s'acquitter de leur droit?Craignez Allah pour ce qui est de la réputation des musulmans! Nous implorons Allah de nous assurer la sécurité et nous cherchons refuge auprès d'Allah contre l'ignorance.
LA LUTTE CONTRE LA MEDISANCE EST LE
MEILLEUR DES COMBATS
Nombre de gens s'étonnent quand ils entendent ces propos. Cependant, cet étonnement se dissipe quand nous revenons au Hadith du Messager d'Allah (
) qui dit:
"
Le meilleur des combats est le combat de l'homme contre soi-même et ses caprices" (As-Sahîhah : 1496).
Il dit aussi:
"
Le combattant est celui qui livre un combat contre soi pour la cause d'Allah" (As-Sahîhah : 549).
En conclusion, je te rappelle, frère musulman, les propos du Prophète (
):
"
Ô ceux qui croient par la langue et dont la foi n'a pas pénétré leurs cœurs! Ne médisez pas des musulmans et ne révélez pas leur intimité, car celui qui viole l'intimité des autres, Allah dévoilera la sienne et la couvrira chez lui " (Abou Dawoud : 4880).
Un sage a eu raison de qualifier la médisance d'hospitalité des débauchés, de terrain fertile des femmes et de sauce des chiens humains.
Qu'Allah nous protège tous des erreurs de la langue et du feu de l'Enfer; Que tous ceux qui lisent cette lettre en bénéficient etfonl bénéficier les autres; Que ces conseils nous rapprochent tous du Paradis et qu'ils soienl une évidence pour nous et non contre nous.
Que la bénédiction d'Allah soit sur notre Prophète Mohammed, sa famille et tous ses compagnons.
Frère musulman ! Méfie-toi des préjudices de la langue.